Gérer la consommation d’énergie dans les nouveaux bâtiments

Gérer la consommation d’énergie dans les nouveaux bâtiments

consommation d’énergie des bâtiments neufs
La consommation d'énergie dans le secteur tertiaire, qui représente une surface dédiée de 970 millions de m², est un enjeu majeur. Le décret tertiaire impose une réduction significative de la consommation d'ici 2030 et 2050. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, l'adoption de techniques modernes et l'intégration de technologies avancées sont indispensables.

Comprendre la consommation d'énergie dans le secteur tertiaire

Le secteur du bâtiment, et en particulier le tertiaire, est un consommateur majeur d'énergie en France. Avec près d'un milliard de mètres carrés dédiés au tertiaire, ce secteur pèse lourd dans le bilan énergétique national. Chauffage, climatisation, éclairage et équipements de bureau sont autant de sources de consommation qu'il faut aujourd'hui optimiser pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par les réglementations.

Un secteur énergivore

Les bâtiments tertiaires, qui rassemblent bureaux, commerces, écoles, hôpitaux, etc. représentent une surface importante de 970 millions de m² en France. Ce parc immobilier est responsable d'un tiers des consommations d'énergie et des émissions de gaz à effet de serre du pays. Les principaux postes de dépenses énergétiques sont :
  • Le chauffage, qui reste le premier poste de consommation
  • L'éclairage et les équipements de bureautique, en forte croissance
  • La climatisation, qui se généralise dans les bâtiments neufs
En 2015, la consommation moyenne des bâtiments tertiaires s'élevait à 196 kWh/m²/an, avec de fortes disparités selon les branches (de 96 kWh/m²/an pour l'enseignement à 431 kWh/m²/an pour les cafés-hôtels-restaurants).

Des objectifs ambitieux à atteindre

Pour réduire l'empreinte énergétique de ce secteur, le "Décret tertiaire" issu de la loi ELAN impose des objectifs de réduction progressive de la consommation d'énergie finale dans les bâtiments à usage tertiaire :
  • -40% en 2030
  • -50% en 2040
  • -60% en 2050
Ces pourcentages sont calculés par rapport à une année de référence qui ne peut être antérieure à 2010. Concrètement, pour un bâtiment qui consommait 200 kWh/m²/an en 2010, l'objectif sera de descendre à 120 kWh/m²/an en 2030.

Quels leviers actionner ?

Pour atteindre ces cibles, les professionnels du secteur devront agir sur plusieurs leviers :
  • L'enveloppe du bâtiment : isolation thermique, étanchéité à l'air, protection solaire, etc. permettent de réduire les besoins de chauffage et climatisation.
  • Les équipements : chaudières performantes, éclairage LED, systèmes de gestion technique optimisés... De nombreuses solutions techniques existent pour améliorer l'efficacité des installations.
  • Les énergies renouvelables : le recours à la biomasse, au solaire thermique ou photovoltaïque, aux pompes à chaleur géothermiques permet de décarboner les consommations.
  • L'exploitation : une maintenance régulière, un suivi des consommations, des actions de sensibilisation auprès des occupants sont indispensables pour maintenir la performance dans la durée.
Relever le défi de la transition énergétique dans le secteur tertiaire nécessitera d'actionner l'ensemble de ces leviers. Un enjeu de taille qui mobilise d'ores et déjà l'ensemble des acteurs du bâtiment.

Impact environnemental et normes réglementaires

Un cadre réglementaire de plus en plus exigeant

Le secteur du bâtiment est un acteur central de la transition énergétique. Il représente près de 45% de la consommation finale d'énergie en France et 25% des émissions de gaz à effet de serre. Pour réduire son impact, l'État a mis en place depuis les années 1970 des réglementations thermiques (RT) de plus en plus strictes. La RT2012 visait une consommation maximale de 50 kWhep/m²/an pour les logements neufs. Avec la RE2020, les exigences sont renforcées :
  • Réduction de 30% des besoins en énergie par rapport à la RT2012
  • Généralisation des bâtiments à énergie positive (BEPOS)
  • Analyse du cycle de vie complet des bâtiments
  • Prise en compte du confort d'été
L'objectif affiché par le gouvernement est ambitieux : atteindre la neutralité carbone pour le secteur du bâtiment d'ici 2050. Cela implique une réduction massive des consommations d'énergie et des émissions de CO2 à chaque étape de la vie d'un bâtiment.

Une approche plus globale avec la RE2020

Si la RT2012 se concentrait sur la performance énergétique intrinsèque du bâtiment, la RE2020 adopte une vision plus large en considérant son impact environnemental sur l'ensemble de son cycle de vie, de la conception à la démolition en passant par la construction et l'exploitation. Deux nouveaux indicateurs sont introduits pour évaluer la performance environnementale des bâtiments neufs :
  • L'impact carbone lié aux consommations d'énergie sur 50 ans (Icénergie)
  • L'impact carbone lié aux matériaux et équipements utilisés (Icconstruction)
Des seuils sont fixés pour ces deux indicateurs et seront progressivement abaissés tous les 3 ans. L'enjeu est de favoriser des modes constructifs plus sobres et d'encourager le recours à des matériaux biosourcés ou géosourcés stockant du carbone (bois, chanvre, paille, etc).

Vers des bâtiments producteurs d'énergie

Avec la RE2020, tous les bâtiments neufs devront être à énergie positive (BEPOS) à horizon 2020. Cela signifie qu'ils devront produire plus d'énergie qu'ils n'en consomment, notamment grâce à l'intégration de panneaux photovoltaïques en toiture. L'essor des bâtiments BEPOS, combiné au développement des smart grids et de l'autoconsommation collective, ouvre la voie à de nouveaux modèles énergétiques décentralisés et plus vertueux. Les bâtiments deviennent des maillons actifs des réseaux, capables d'interagir intelligemment avec leur environnement.

Techniques modernes de réduction de consommation

Optimisation des systèmes CVC

L'optimisation des systèmes de chauffage, ventilation et climatisation (CVC) permet de réduire significativement la consommation énergétique. Des équipements performants couplés à une régulation intelligente, comme des thermostats programmables ou des détecteurs de présence, ajustent automatiquement le fonctionnement selon l'occupation et les besoins réels.

Isolation thermique renforcée

L'utilisation de matériaux isolants haute performance, tant pour les parois opaques (murs, toiture, planchers) que pour les menuiseries, limite les déperditions thermiques. Des isolants biosourcés ou recyclés comme la ouate de cellulose ou le textile recyclé allient efficacité et faible impact environnemental.

Énergies renouvelables intégrées

Le recours aux énergies renouvelables se généralise : panneaux solaires photovoltaïques ou thermiques en toiture, pompes à chaleur géothermiques, chaudières biomasse, etc. Elles couvrent une part croissante des besoins, réduisant la dépendance aux énergies fossiles. Ces solutions, mises en œuvre de façon complémentaire, permettent de concevoir des bâtiments sobres et décarbonés, en phase avec la RE2020 et le décret tertiaire.

Rôle de l'ADEME dans l'amélioration énergétique

Un rôle de conseil et de soutien financier

Face à l'augmentation continue de la consommation d'énergie dans le secteur tertiaire, l'ADEME propose un accompagnement sur-mesure aux collectivités pour les aider à améliorer leur performance énergétique. Cela passe par :
  • Des recommandations techniques pour optimiser les bâtiments existants : isolation, systèmes de chauffage performants, éclairage basse consommation, etc.
  • Un soutien méthodologique pour mettre en place une stratégie énergétique à l'échelle du patrimoine immobilier
  • Des aides financières sous forme de subventions pour la rénovation énergétique ou l'installation d'énergies renouvelables

Promouvoir les bonnes pratiques

Au-delà de cet accompagnement direct, l'ADEME mène des actions pour sensibiliser les collectivités aux enjeux de la transition énergétique dans le bâtiment :
  • Publication de guides pratiques et retours d'expérience pour inspirer d'autres collectivités
  • Organisation de formations et webinaires sur la performance énergétique des bâtiments publics
  • Animation d'un réseau d'échanges entre collectivités engagées dans une démarche de réduction des consommations

Quelques chiffres clés

Année Nombre de collectivités accompagnées Économies d'énergie générées
2020 150 28 GWh/an
2021 230 42 GWh/an
En mobilisant son expertise technique et ses moyens financiers, l'ADEME se positionne comme un acteur incontournable pour aider les collectivités à réduire la facture énergétique de leur patrimoine immobilier. Un enjeu majeur à l'heure où les dépenses d'énergie pèsent de plus en plus lourd dans les budgets publics.

Les défis de la rénovation énergétique existante

Un parc immobilier tertiaire vieillissant et énergivore

Le secteur tertiaire représente près de 1 milliard de m² de bâtiments en France, dont une grande partie a été construite avant les premières réglementations thermiques. Ces bâtiments peu performants sur le plan énergétique sont de véritables "passoires thermiques". Bureaux, commerces, bâtiments publics... ils consomment beaucoup d'énergie pour le chauffage, la climatisation et l'éclairage. Le décret tertiaire, entré en vigueur en octobre 2019, fixe un cap ambitieux : réduire progressivement la consommation d'énergie finale de ces bâtiments de 40% en 2030, 50% en 2040 et 60% en 2050 par rapport à 2010. Un immense chantier de rénovation énergétique est donc à mener sur ce parc immobilier existant pour atteindre ces objectifs.

Quels leviers pour massifier la rénovation tertiaire ?

Pour relever ce défi, tous les acteurs (propriétaires, gestionnaires, occupants) doivent se mobiliser. La rénovation énergétique apporte de multiples bénéfices : réduction des factures d'énergie, amélioration du confort et de la valeur patrimoniale, diminution de l'empreinte carbone. Mais elle nécessite un accompagnement et des moyens financiers importants. Plusieurs leviers existent pour massifier ces travaux :
  • Renforcer l'information et la sensibilisation des acteurs sur les enjeux et les solutions
  • Proposer des incitations financières (aides, prêts bonifiés, mécanismes fiscaux) pour faciliter le passage à l'acte
  • Développer les contrats de performance énergétique (CPE) pour contractualiser les économies d'énergie
  • S'appuyer sur le numérique (audits, outils de suivi) pour optimiser la gestion énergétique

Vers des bâtiments tertiaires plus performants et confortables

La rénovation énergétique doit permettre d'améliorer significativement la performance des bâtiments tertiaires, en agissant sur l'enveloppe (isolation, menuiseries), les systèmes (chauffage, climatisation, ventilation, éclairage) et la production d'énergies renouvelables. L'objectif est d'atteindre le niveau BBC rénovation, voire de tendre vers des bâtiments passifs ou à énergie positive. Au-delà des économies d'énergie, ces rénovations apportent un meilleur confort thermique été comme hiver, une meilleure qualité de l'air intérieur et un cadre de travail plus agréable et productif pour les occupants. Elles participent aussi à l'attractivité des bâtiments tertiaires sur le marché immobilier. La rénovation énergétique du parc tertiaire existant est un chantier de grande ampleur, vital pour la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique. Malgré les difficultés techniques et économiques, elle offre de formidables opportunités en termes d'emplois, d'innovation et d'amélioration du cadre bâti. Un défi à relever collectivement pour construire un immobilier tertiaire plus durable et performant.

Plans d'action et stratégies à long terme

Un plan d'action détaillé et structuré

L'établissement d'un plan d'action est la première étape incontournable. Celui-ci doit intégrer :
  • Un audit énergétique complet du bâtiment pour identifier les postes les plus consommateurs
  • La définition d'objectifs chiffrés de réduction des consommations, avec des échéances précises
  • La mise en place d'indicateurs de suivi pour mesurer l'avancement et les gains
  • L'identification des leviers technologiques (équipements performants, ENR, rénovation thermique) et comportementaux (éco-gestes, sensibilisation des occupants) à actionner

Impliquer l'ensemble des parties prenantes

La réussite du plan d'action repose sur une mobilisation collective sur le long terme :
  • Désigner un responsable de la performance énergétique pour piloter le projet
  • Sensibiliser et former les occupants aux enjeux et bonnes pratiques
  • Intégrer des objectifs énergétiques dans les contrats de maintenance et d'exploitation
Cette démarche structurée et partenariale est essentielle pour atteindre durablement les objectifs ambitieux du décret tertiaire et faire des bâtiments neufs de véritables modèles de performance énergétique.

Innovations technologiques et leur adoption

Les systèmes de gestion intelligente de l'énergie

Les bâtiments tertiaires neufs intègrent de plus en plus des systèmes de gestion technique centralisée (GTC) permettant de piloter finement les consommations. Des capteurs intelligents couplés à des algorithmes d'analyse de données collectent en temps réel les informations sur l'occupation des locaux, la température, la luminosité, etc. Ils ajustent automatiquement le fonctionnement du chauffage, de la climatisation ou de l'éclairage aux besoins réels. Selon une étude de l'ADEME, l'installation d'un système de GTC performant peut réduire de 10 à 30% les consommations d'énergie d'un bâtiment tertiaire neuf, en éliminant les gaspillages. Le tableau ci-dessous montre les économies d'énergie moyennes générées par usage :
Usage Économies moyennes
Chauffage 15 à 25%
Climatisation 20 à 30%
Éclairage 30 à 50%

Les équipements à haute performance énergétique

Le choix d'équipements sobres et efficaces est primordial. Les promoteurs privilégient de plus en plus :
  • Les pompes à chaleur nouvelle génération, affichant des COP supérieurs à 4
  • L'éclairage LED basse consommation couplé à des détecteurs de présence
  • Les moteurs électriques à haut rendement pour les ascenseurs, ventilateurs, etc.
  • Les façades bioclimatiques intégrant protections solaires, vitrages haute performance et free cooling
D'après l'association Effinergie, les bâtiments tertiaires équipés de ces technologies consomment en moyenne 40% de moins que ceux construits selon les standards de la RT2012.

Une adoption encore hétérogène

Malgré leurs bénéfices avérés, l'adoption de ces innovations technologiques reste encore hétérogène. Selon l'observatoire de l'immobilier durable, seuls 25% des bâtiments tertiaires livrés en 2021 étaient dotés de systèmes de GTC et moins de 20% d'équipements de dernière génération. Des freins subsistent, notamment le surcoût à l'investissement et le manque de compétences techniques chez certains acteurs. La nouvelle réglementation environnementale RE2020, qui vise à généraliser les bâtiments à énergie positive, devrait cependant accélérer leur diffusion dans les années à venir.

Suivi, évaluation et mise à jour des objectifs

Des outils de mesure et de suivi performants

Pour évaluer efficacement la consommation énergétique réelle des bâtiments, il est nécessaire de déployer des systèmes de mesure fiables et précis. Les compteurs intelligents et les capteurs connectés permettent de collecter en temps réel les données de consommation pour chaque usage (chauffage, ventilation, éclairage, etc.). Ces informations sont ensuite centralisées et analysées via des plateformes de gestion de l'énergie. Le Système de Management de l'Énergie (SMé) joue un rôle clé dans le pilotage de la performance. Basé sur le principe d'amélioration continue, il implique l'ensemble des parties prenantes (propriétaire, exploitant, occupants) dans une démarche vertueuse. Le SMé s'appuie sur des indicateurs tels que :
  • La consommation d'énergie primaire en kWhep/m².an
  • Les émissions de gaz à effet de serre en kgCO2/m².an
  • La part des énergies renouvelables dans le mix énergétique

Identifier les écarts et ajuster les actions

L'analyse des données collectées permet de comparer les performances réelles aux objectifs initiaux, et d'identifier rapidement les éventuelles dérives. Tout écart significatif doit donner lieu à des actions correctives ciblées. Il peut s'agir par exemple :
  • D'ajuster les réglages et les plages de fonctionnement des équipements
  • De sensibiliser les utilisateurs aux éco-gestes
  • De remplacer certains matériels énergivores par des solutions plus performantes
Les retours d'expérience issus de ces premières années d'exploitation sont précieux pour optimiser le pilotage énergétique. Ils permettent d'affiner les modèles de prévision des consommations utilisés en phase de conception.

Vers des bâtiments intelligents et adaptatifs

À plus long terme, la généralisation des technologies de l'Internet des Objets et de l'Intelligence Artificielle ouvre la voie à des bâtiments de plus en plus "intelligents", capables d'interagir avec leur environnement. Des algorithmes d'apprentissage automatique (Machine Learning) pourront anticiper et optimiser en temps réel le fonctionnement des équipements, en tenant compte des conditions météorologiques, du taux d'occupation ou encore du coût des énergies. Cette gestion dynamique et prédictive sera un levier majeur pour atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Elle nécessitera cependant de revoir régulièrement les objectifs et indicateurs de performance, pour tenir compte des progrès technologiques.

L'essentiel à retenir sur l'optimisation énergétique des bâtiments neufs

L'optimisation énergétique des bâtiments neufs est un défi complexe mais nécessaire pour réduire l'impact environnemental du secteur tertiaire. Le respect des normes réglementaires, notamment du décret tertiaire, passe par la mise en place de plans d'action détaillés, l'adoption d'innovations technologiques et un suivi régulier des performances. L'accompagnement d'organismes comme l'ADEME est un atout précieux pour atteindre les objectifs de réduction de consommation énergétique à long terme.

Questions en rapport avec le sujet

Quelle est la consommation énergétique d'un bâtiment ?
La consommation énergétique d'un bâtiment dépend de sa surface chauffée, du type d'énergie utilisé (électricité, gaz, etc.) et de ses occupants. En moyenne en France, la consommation pour le chauffage est d'environ 110 kWh/an par m², et de 143 kWh/an par occupant pour l'eau chaude sanitaire.
Quelle est la consommation énergétique maximale autorisée pour les nouvelles constructions ?
La réglementation thermique RT2012 fixe un plafond de consommation énergétique de 50 kWhep/m²an pour les bâtiments neufs. Une nouvelle réglementation plus stricte est prévue pour 2020, visant des bâtiments encore plus performants.
Qu'est-ce qui consomme le plus dans un bâtiment ?
Le secteur du bâtiment est le plus gros consommateur d'énergie en France, représentant 43% des consommations énergétiques nationales, soit 1,1 tonne équivalent pétrole par an et par habitant. Il a un impact significatif sur les émissions de gaz à effet de serre.
Comment évaluer l'énergie consommée par un bâtiment?
Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) mesure la consommation d'énergie primaire et les émissions de gaz à effet de serre via des étiquettes énergie et climat.