Cet article se penche sur l'impact de la hausse des prix de l'électricité en France en 2024. Nous analyserons les récentes augmentations, les détails chiffrés, les stratégies pour gérer cette hausse, les comparatifs des fournisseurs, les perspectives d'évolution des tarifs, les impacts écologiques et les réponses gouvernementales et réglementaires.
Les récentes augmentations et leur contexte
Une hausse marquée des tarifs au 1er février 2024
Après des augmentations successives de 15% en février 2023 puis 10% en août 2023, les prix de l'électricité continuent leur ascension en 2024. Au 1er février, les tarifs réglementés ont grimpé en moyenne de 8,6% pour l'option Base et de 9,8% pour l'option heures pleines/heures creuses.
Concrètement, le prix du kWh en tarif Bleu d'EDF est passé de 0,2273€ à 0,2516€ TTC en option Base. Pour un ménage consommant 7700 kWh par an avec un compteur de 6 kVA, cela représente une hausse de 187€ sur la facture annuelle.
Des hausses significatives pour tous les profils de consommateurs
Selon les simulations du gouvernement, l'impact est le suivant pour différents types de foyers :
- Personne seule en appartement chauffé au gaz (2,2 MWh/an) : +4,50€/mois
- Personne seule en appartement chauffé à l'électricité (4,2 MWh/an) : +8,30€/mois
- Famille de 4 en maison chauffée au gaz (3,7 MWh/an) : +7,60€/mois
- Famille de 4 en maison chauffée à l'électricité (9 MWh/an) : +17,80€/mois
Fin progressive du bouclier tarifaire et hausse des taxes
Deux facteurs majeurs expliquent ces hausses de tarifs électriques début 2024 : le retrait progressif du bouclier tarifaire mis en place fin 2021 pour contenir la flambée des prix, et le relèvement de la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité (TICFE).
La TICFE, abaissée à 1€/MWh en 2022-2023, remonte à 21€/MWh au 1er février 2024. Avant la crise énergétique, elle s'élevait à 22,50€/MWh. Le gouvernement prévoit un retour complet au niveau normal de cette taxe en février 2025.
Malgré l'accalmie sur les marchés de gros, le coût du bouclier tarifaire pour les finances publiques (estimé à 16 milliards d'euros pour la seule année 2023) pousse l'exécutif à entamer sa suppression progressive, avec une sortie complète prévue début 2025.
Retrouvez plusieurs vidéos en ligne à ce sujet, avec par exemple :
Les prix de l’électricité s’envolent, voici pourquoi
Détails chiffrés de l'augmentation
Impact financier concret selon le profil de consommation
Au 1er février 2024, le prix du kWh est passé en option base de 0,2273€ à 0,2516€, soit une augmentation de 8,6%. En option heures pleines/heures creuses, la hausse atteint 9,8%. Voici quelques exemples chiffrés de l'impact annuel selon les types de ménages :
Profil | Consommation annuelle | Surcoût annuel |
---|---|---|
Studio chauffé au gaz | 2200 kWh | +54€ |
Studio chauffé à l'électricité | 4200 kWh | +100€ |
Appartement 80m² chauffé au gaz pour 4 personnes | 3700 kWh | +91€ |
Appartement 80m² chauffé à l'électricité pour 4 personnes | 9000 kWh | +213€ |
Pour un ménage consommant 7700 kWh par an en option base avec un compteur 6 kVA, le surcoût annuel sera de 187€ en moyenne.
Une taxe rehaussée pour la sortie du bouclier tarifaire
L'augmentation du 1er février 2024 est principalement justifiée par le rehaussement de la TICFE, une taxe sur l'électricité. Cette taxe, qui était de 32,44€/MWh avant la crise, avait été réduite à 1€/MWh en 2022 et 2023 pour limiter la hausse des tarifs dans le cadre du bouclier tarifaire.
Depuis le 1er février 2024, la TICFE est passée de 1€ à 21€ du MWh, se rapprochant ainsi de son niveau normal. Cette hausse de l'accise représente environ 100€ de plus chaque année sur la facture d'électricité des ménages.
Ce rehaussement de taxe s'inscrit dans l'amorce du retrait progressif du bouclier tarifaire d'ici 2025, un mécanisme coûteux qui a permis de limiter la hausse du prix de l'électricité ces dernières années (16 milliards d'euros pour les finances publiques rien qu'en 2023).
D'autres augmentations attendues d'ici 2025
Deux nouvelles hausses sont prévues d'ici février 2025 :
- Au 1er août 2024 : augmentation de 1 à 2% liée à la hausse du tarif d'utilisation du réseau électrique
- Au 1er février 2025 : augmentation de 4 à 5% due au passage de l'accise de 21€ à 32,44€/MWh, ce qui devrait rapporter 10 milliards d'euros à l'État
De plus, la nécessité pour l'État de financer la construction de 6 nouvelles centrales nucléaires EPR (coût estimé à 51,7 milliards d'euros) pourrait entraîner de nouvelles hausses dans les années à venir.
Stratégies pour gérer la hausse des tarifs
Changer de fournisseur d'électricité
Souscrire une offre moins chère chez un fournisseur alternatif est la solution la plus simple pour faire baisser sa facture rapidement. En avril 2024, des fournisseurs comme OHM Énergie ou Mint Énergie proposent des tarifs jusqu'à 20% moins chers que le tarif réglementé d'EDF, permettant d'économiser plusieurs centaines d'euros par an :
Fournisseur | Nom de l'offre | Prix du kWh | Économies* |
---|---|---|---|
OHM Énergie | Offre Ultra Eco | 0,1991 € | 406 € |
Mint Énergie | Offre Électricité Stable | 0,2041 € | 365 € |
*Economies estimées par rapport au Tarif Bleu EDF pour 7700 kWh/an en option Base
Changer de fournisseur est une démarche gratuite qui peut se faire en quelques minutes, sans coupure d'électricité.
Opter pour une offre à prix fixe
Les offres à prix fixe bloquent le prix du kWh pendant 1 à 4 ans. Elles permettent de se protéger des futures hausses annoncées en 2024 et 2025. En contrepartie, leur prix est généralement un peu plus élevé que les offres à prix variable.
Adopter des gestes d'économies d'énergie
Réaliser des économies d'énergie au quotidien permet de réduire sa consommation et donc sa facture. Quelques gestes simples :
- Éteindre les appareils en veille
- Utiliser des ampoules LED
- Laver son linge à basse température
- Dégivrer régulièrement son réfrigérateur
Des travaux d'amélioration de la performance énergétique du logement (isolation, remplacement de chaudière, etc) sont aussi très efficaces, même s'ils nécessitent un investissement initial plus conséquent.
En combinant changement de fournisseur, offre à prix fixe et économies d'énergie, il est possible d'amortir significativement la hausse des tarifs réglementés et de réduire durablement le montant de ses factures d'électricité.
Comparatif des fournisseurs d'électricité
Les fournisseurs alternatifs moins chers qu'EDF
Privilégier une offre à prix fixe pour se protéger des futures hausses
Les meilleures offres à prix fixe en avril 2024
Attention aux offres avec un prix fixe uniquement la 1ère année
Limites des offres à prix fixe
Perspectives d'évolution des tarifs d'électricité
Prochaines hausses attendues malgré l'accalmie du marché
Si les prix de gros de l'électricité ont récemment baissé, avec un prix spot du MWh à 67,32 € au 24 avril 2024, les experts anticipent encore plusieurs hausses notables pour les particuliers :
- Le 1er août 2024 : +1 à 2% suite à l'augmentation du tarif d'utilisation des réseaux électriques
- Le 1er février 2025 : +4 à 5% liée à une nouvelle hausse de la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité (TICFE)
Ces augmentations doivent permettre de financer les investissements massifs nécessaires dans les réseaux de distribution et les nouvelles centrales nucléaires d'EDF.
Vers la fin des tarifs réglementés avantageux en 2025
Un autre changement majeur se profile à l'horizon 2025 avec la fin annoncée du mécanisme ARENH, qui permet actuellement aux concurrents d'EDF d'acheter un tiers de la production nucléaire à un prix avantageux de 42€/MWh. Le nouveau prix de référence devrait avoisiner les 70€/MWh, impactant les coûts d'approvisionnement des fournisseurs alternatifs et in fine les tarifs réglementés.
Si le consommateur final devrait subir ces différentes hausses dans les mois et années à venir, le gouvernement promet un retour à la normale et une sortie définitive du bouclier tarifaire au 1er février 2025. Les ménages devront alors s'adapter à une électricité durablement plus chère, justifiée par la transition énergétique.
Impacts écologiques de la hausse des prix de l'électricité
Incitations à réduire la consommation d'électricité
Face à des factures plus salées, de nombreux ménages seront poussés à diminuer leur consommation électrique. L'adoption de gestes économes comme l'extinction des appareils en veille ou l'utilisation d'ampoules LED devrait s'accélérer. Certains pourraient aussi investir dans une meilleure isolation de leur logement pour limiter les déperditions de chaleur et le recours au chauffage électrique.
Un coup de frein aux énergies renouvelables ?
Paradoxalement, cette hausse pourrait temporairement ralentir la transition énergétique. L'électricité renouvelable étant actuellement plus chère à produire que le nucléaire, son développement pourrait marquer le pas. De même, l'achat de véhicules électriques ou l'installation de pompes à chaleur risquent de être freinés par des coûts d'utilisation en hausse.
Nécessité d'un accompagnement des ménages
Pour éviter que la flambée des prix ne pénalise durablement les efforts environnementaux, un soutien financier ciblé apparaît indispensable, par exemple via des primes à la rénovation énergétique ou à l'achat de véhicules propres.
Réponses gouvernementales et réglementations
Prolongation du bouclier tarifaire en 2024
Mis en place fin 2021, le bouclier tarifaire a permis de contenir la hausse des tarifs réglementés à +4% en février 2022 puis +15% en février 2023. Ce mécanisme, qui devait prendre fin courant 2023, a finalement été prolongé en 2024, avec une augmentation limitée à 15% au 1er février 2024.
Selon Bercy, sans ce bouclier, la hausse aurait atteint 120% sur la période. Cependant, son coût pour les finances publiques est très élevé, estimé à 16 milliards d'euros pour la seule année 2023. Un retrait progressif est prévu d'ici 2025, avec une hausse de 10% supplémentaire annoncée pour février 2025.
Revalorisation du chèque énergie
Pour les ménages les plus modestes, le gouvernement a revalorisé et élargi le chèque énergie. Son montant moyen est passé de 150€ en 2021 à 200€ en 2022. De plus, un chèque énergie exceptionnel de 100€ a été versé fin 2022 à 12 millions de foyers.
Les critères d'éligibilité ont aussi été étendus, avec un plafond de revenus rehaussé. Près de 20% des ménages français sont désormais concernés par ce dispositif.
Incitations aux économies d'énergie
Plutôt que de se limiter à des aides directes, le gouvernement mise aussi sur l'accompagnement des Français pour réduire leur consommation électrique. Des campagnes de sensibilisation aux éco-gestes sont menées, et les aides à la rénovation énergétique des logements (MaPrimeRénov') ont été renforcées.
Un succès en demi-teinte
Malgré ces mesures, la hausse des factures reste une réalité pour de nombreux ménages. Les associations de consommateurs dénoncent une protection insuffisante des plus précaires et appellent à des aides plus ciblées. Certains secteurs, comme les petits commerces ou l'industrie, sont aussi fragilisés par cette flambée des coûts énergétiques.
Le gouvernement se retrouve confronté à un exercice d'équilibriste entre soutien au pouvoir d'achat et maîtrise des dépenses publiques. Si le bouclier tarifaire a permis d'amortir le choc, une sortie en douceur de ce dispositif s'avère délicate. La sobriété énergétique apparaît comme la clé pour alléger durablement la facture, mais implique un changement profond des habitudes de consommation.
Témoignages et études de cas
Impact sur les factures des ménages
Les tarifs réglementés d'EDF augmenteront de 8,6% pour l'option Base et de 9,8% pour l'option Heures Pleines/Heures Creuses au 1er février 2024. Concrètement, cela se traduira par une hausse moyenne de 187€ sur la facture annuelle pour un ménage consommant 7700 kWh par an en option Base.
Exemples d'impact :
- Pour une personne en appartement chauffé à l'électricité (4200 kWh/an) : +100€/an
- Pour une famille de 4 personnes dans une maison chauffée à l'électricité (9000 kWh/an) : +213€/an
Tour d'horizon des professionnels impactés
Les petits professionnels et entreprises sont également impactés, avec une hausse des tarifs réglementés comprise entre +5,2% et +8% selon les contrats.
Exemples de hausses mensuelles :
- Une boulangerie consommant 90 MWh/an : +116€/mois
- Un restaurant consommant 30 MWh/an : +39€/mois
En revanche, les entreprises bénéficiant d'offres de marché indexées aux prix de gros verront leur facture baisser grâce à la détente des cours, malgré la hausse de la taxe TICFE.
Pespectives pour les prochains mois
Cette augmentation de février 2024 n'est que la première étape. Une nouvelle hausse de la TICFE est prévue au 1er février 2025 pour un retour à son niveau normal de 32,44 €/MWh (contre 21 €/MWh en 2024 et 1 €/MWh en 2022-2023). Le bouclier tarifaire devrait ainsi être totalement supprimé début 2025.
C'est une décision difficile, mais nécessaire pour garantir notre capacité d'investissement dans de nouvelles capacités de production électrique et pour sortir définitivement du quoi qu'il en coûte
Bruno Le Maire, ministre de l'Économie
Zoom sur la hausse des prix de l'électricité en 2024
La hausse des prix de l'électricité en 2024 a un impact significatif sur les ménages et les entreprises en France. Les augmentations substantielles des tarifs, dues à divers facteurs, nécessitent une adaptation des consommateurs. Le changement de fournisseur et l'amélioration de l'efficacité énergétique sont des stratégies clés pour minimiser les coûts. Les réponses gouvernementales et réglementaires seront déterminantes pour l'avenir du marché de l'électricité et la transition énergétique.