Les stratégies efficaces pour diversifier un portefeuille d’investissement

diversifier un portefeuille d'investissement
La diversification d'un portefeuille d'investissement est une stratégie essentielle pour minimiser les risques et optimiser les rendements. En répartissant les actifs dans différentes classes, secteurs, zones géographiques et styles d'investissement, les investisseurs peuvent réduire leur exposition aux fluctuations du marché et saisir des opportunités variées. Cet article examine les principales techniques de diversification et leur mise en œuvre.

Les bases de la diversification d'un portefeuille

Atténuer le risque grâce aux classes d'actifs

Un portefeuille diversifié doit idéalement être composé d'une variété de classes d'actifs telles que les actions, les obligations, les devises, les matières premières ou encore l'immobilier. Chaque classe réagit différemment aux conditions économiques et de marché. Par exemple, lorsque les actions baissent, les obligations ont tendance à mieux se comporter, et vice versa.

Viser l'équilibre et la décorrélation

L'objectif de la diversification est de trouver le bon équilibre entre les différentes classes d'actifs afin de minimiser le risque global. En incluant dans son portefeuille des actifs faiblement ou négativement corrélés, on réduit sa volatilité. Si une partie du portefeuille souffre, une autre peut compenser.

La clé : une exposition large

La diversification implique donc d'avoir une exposition la plus large possible, tout en restant cohérent avec son profil d'investisseur et ses objectifs financiers. Bien mise en œuvre, cette stratégie est une protection efficace contre les aléas des marchés.

Stratégies sectorielles et géographiques

Diversification sectorielle : répartir les risques entre plusieurs industries

Investir dans des secteurs variés comme la technologie, la santé, l'énergie ou les biens de consommation permet de ne pas dépendre d'une seule industrie. Chaque secteur répond différemment aux cycles économiques :
  • Les valeurs défensives (alimentation, pharmacie) résistent mieux en période de crise
  • Les valeurs cycliques (automobile, immobilier) profitent des phases de croissance
  • Les secteurs en croissance (technologies vertes, e-commerce) offrent un potentiel de plus-value
Un portefeuille équilibré entre ces différents secteurs permet de lisser la performance globale. Les données historiques montrent qu'aucun secteur ne surperforme chaque année :
Secteur 2017 2018 2019
Technologie +38% +2% +47%
Santé +21% +7% +22%
Énergie -2% -18% +8%

Diversification géographique : profiter de la croissance mondiale

Investir sur plusieurs zones permet de saisir les opportunités de croissance à travers le monde et de réduire l'exposition aux aléas d'un seul pays. Quelques stratégies :
  • Combiner pays développés (stabilité) et émergents (croissance)
  • Profiter du dynamisme de certaines régions (Asie, Amérique latine)
  • Investir dans des entreprises présentes mondialement
Une allocation équilibrée pourrait par exemple viser :
25% Europe
45% Amérique du Nord 
20% Asie / Pacifique
10% Pays émergents
Cela permet de bénéficier de moteurs de croissance variés tout en limitant les risques géopolitiques ou de change liés à une seule région.

Outils pour mettre en œuvre ces stratégies

Plusieurs véhicules d'investissement permettent une diversification sectorielle et géographique accessible :
  • Les ETF et fonds indiciels reproduisent des indices sectoriels ou régionaux
  • Les fonds actions thématiques se concentrent sur des secteurs précis
  • Les fonds profilés allouent entre différentes classes d'actifs et zones
L'important est d'analyser la composition des fonds pour s'assurer d'une réelle diversification et d'éviter les doublons.

Diversification par style d'investissement

Qu'est-ce qu'un style d'investissement ?

Un style d'investissement fait référence à la façon dont un gestionnaire sélectionne les titres à inclure dans un portefeuille. Les principaux styles sont :
  • La gestion value (valeur) : elle privilégie les sociétés sous-évaluées par le marché, présentant un fort potentiel de revalorisation.
  • La gestion growth (croissance) : elle mise sur des entreprises affichant une croissance supérieure à la moyenne, souvent dans des secteurs innovants.
  • La gestion blend (mixte) : elle combine les approches value et growth pour profiter de leurs atouts respectifs.
  • La gestion income (revenu) : elle se concentre sur les sociétés distribuant des dividendes élevés et réguliers.

Intérêt de mixer les styles d'investissement

Chaque style présente des forces et faiblesses selon la conjoncture économique et boursière :
Phase de cycle Style favorisé
Début de cycle, reprise Growth
Milieu de cycle, expansion Blend
Fin de cycle, ralentissement Value, Income
Ainsi, en détenant des fonds adoptant des styles différents, l'investisseur s'assure qu'une partie de son portefeuille sera toujours bien positionnée, quelle que soit la conjoncture. Sur un cycle complet, cette diversification apporte un surcroît de performance par rapport à un portefeuille ne suivant qu'un seul style.

Comment diversifier par style dans la pratique ?

Pour mettre en œuvre cette diversification, plusieurs options sont possibles :
  • Investir directement dans des actions respectant les critères de chaque style (méthode complexe).
  • Acheter des fonds (FCP, SICAV, ETF...) spécialisés sur chaque style, en équilibrant leur poids. La gestion est alors déléguée à des professionnels.
  • Choisir des fonds multi-styles (dits "flexible" ou "absolute return") qui ajustent en permanence leur exposition aux différents styles.
Diversifier par style d'investissement est donc une stratégie permettant de tirer parti des évolutions économiques et boursières. Cependant, cela ne dispense pas d'une diversification plus large (zones géographiques, classes d'actifs...) afin de constituer un portefeuille robuste sur le long terme.

Taille de l'entreprise et diversité des actifs

Grandes capitalisations : des valeurs refuges

Les grandes capitalisations, souvent appelées "large caps" ou "blue chips", sont des entreprises bien établies et reconnues, leaders dans leur secteur. Moins risquées et volatiles, elles offrent généralement des rendements stables via le versement régulier de dividendes. Elles constituent le socle d'un portefeuille diversifié.

Petites et moyennes capitalisations : un potentiel de croissance

À l'inverse, les petites (small caps) et moyennes capitalisations (mid caps) présentent souvent un fort potentiel de développement. Plus dynamiques et innovantes, elles peuvent générer des rendements supérieurs sur le long terme, mais avec une volatilité accrue. Une exposition limitée à ces valeurs (10-20% du portefeuille) permet de doper la performance globale.

Diversifier aussi les secteurs et zones géographiques

Au-delà de la taille, il est judicieux de panacher les secteurs d'activité et zones géographiques. Certains secteurs comme la santé ou la technologie sont porteurs, tandis que d'autres comme l'énergie sont plus cycliques. De même, les différentes régions du monde n'évoluent pas au même rythme économique.

Utilisation d'ETFs et de fonds mutualisés

Les avantages des ETFs pour la diversification

Les ETFs sont des fonds indiciels cotés en bourse qui répliquent la performance d'un indice boursier, d'un secteur ou d'une classe d'actifs spécifique. Ils permettent d'investir facilement et à moindre coût dans un large panier de titres. Avec seulement quelques ETFs bien choisis, il est possible de construire un portefeuille diversifié couvrant les principales classes d'actifs (actions, obligations, matières premières, etc.) et zones géographiques, comme l'illustre le tableau ci-dessous :
ETF Exposition Poids
ETF Actions Monde Actions internationales 40%
ETF Obligations Souveraines Obligations d'État 30%
ETF Obligations d'Entreprises Obligations Corporate 15%
ETF Matières Premières Or, Pétrole, Métaux 10%
ETF Immobilier Immobilier coté 5%
Cet exemple de portefeuille type utilise seulement 5 ETFs pour couvrir un spectre très large. Les ETFs apportent une grande flexibilité pour ajuster son allocation et son exposition en fonction de l'évolution des marchés.

La diversification par les fonds communs de placement

Les fonds mutualisés gérés activement offrent une autre manière de diversifier son portefeuille. Contrairement aux ETFs qui suivent passivement un indice, les gérants de fonds mutualisés sélectionnent des titres spécifiques pour surperformer leur indice de référence. Investir dans plusieurs fonds communs de placement complémentaires permet de :
  • Profiter du savoir-faire de gérants expérimentés sur différents marchés et stratégies
  • Accéder à des opportunités et des titres difficilement accessibles en direct
  • Déléguer le suivi et les décisions d'investissement à des professionnels
Il faut néanmoins être attentif aux frais de gestion plus élevés des fonds mutualisés par rapport aux ETFs. Une sélection rigoureuse basée sur les performances de long terme est essentielle.

Combiner ETFs et fonds mutualisés pour une diversification optimale

L'utilisation combinée d'ETFs et de fonds communs de placement est souvent une approche optimale pour obtenir une diversification à la fois large (via les ETFs) et spécifique (via les fonds mutualisés). Les ETFs peuvent constituer le cœur du portefeuille pour une exposition peu coûteuse aux grands marchés. Quelques fonds mutualisés bien choisis en complément permettent de dynamiser la performance sur des thématiques ciblées. Au final, investir via des supports mutualisés comme les ETFs et fonds communs de placement est une stratégie accessible à tous pour construire un portefeuille diversifié, solide et adaptable, sans nécessiter un capital initial très important.

La place de l'immobilier dans la diversification

L'immobilier joue un rôle important dans la diversification d'un portefeuille d'investissement bien construit. En effet, cette classe d'actifs présente généralement une faible corrélation avec les marchés boursiers, permettant ainsi de lisser les performances globales du portefeuille.

Les SCPI, un moyen simple d'accéder à l'immobilier d'entreprise

Pour les investisseurs particuliers, une façon simple et accessible d'intégrer une exposition immobilière diversifiée est d'investir dans des SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier). Ces véhicules d'investissement permettent d'accéder, avec des montants réduits, à un portefeuille d'immeubles, principalement des bureaux, des commerces et des entrepôts logistiques, sélectionnés et gérés par des professionnels. Les SCPI présentent de nombreux avantages :
  • L'accès à l'immobilier d'entreprise avec un ticket d'entrée réduit (quelques centaines d'euros)
  • Une mutualisation du risque locatif grâce à un patrimoine diversifié
  • Une gestion déléguée à des professionnels, sans souci ni contrainte pour l'investisseur
  • Des revenus réguliers provenant des loyers, avec des rendements souvent supérieurs à 4% par an

L'investissement en direct dans la pierre

Une alternative est d'investir en direct dans des biens immobiliers physiques. Cette approche nécessite des montants plus importants et implique une gestion locative à assurer soi-même ou à déléguer. Cependant, elle permet un contrôle total sur le choix des biens et une exposition potentiellement supérieure à la valorisation immobilière sur le long terme. Qu'il s'agisse d'immobilier résidentiel ou de locaux professionnels, détenir des actifs "en dur" dans son patrimoine permet une diversification pertinente. Historiquement, la pierre a souvent joué le rôle de valeur refuge, en particulier en période d'incertitudes économiques ou boursières.
Périodes Performance annuelle moyenne des SCPI
2017-2021 4,40%
2012-2016 4,82%
2007-2011 5,32%
Source : IEIF / ASPIM En conclusion, que ce soit via des parts de SCPI ou des biens en direct, l'immobilier a toute sa place dans un portefeuille d'investissement diversifié. Cette classe d'actifs apporte des revenus récurrents et décorrélés des marchés financiers, tout en offrant un potentiel de valorisation sur le long terme. Une allocation de 10 à 25% en immobilier est souvent recommandée, en fonction du profil et des objectifs de chaque investisseur.

Utiliser des produits dérivés pour la couverture

Comprendre les produits dérivés de couverture

Les produits dérivés comme les options et les contrats à terme (futures) permettent de se prémunir contre les mouvements défavorables des marchés. Leur principe est simple : moyennant le paiement d'une prime, l'investisseur achète le droit (et non l'obligation) de vendre un actif sous-jacent à un prix fixé à l'avance, à une date future. Si le cours de l'actif baisse en-deçà du prix d'exercice, l'investisseur pourra vendre au prix convenu initialement et ainsi limiter ses pertes. En revanche, si le cours monte, l'option ne sera pas exercée mais la prime restera acquise au vendeur. C'est le prix à payer pour cette "assurance" contre les baisses.

Choisir les bons produits de couverture

Tous les produits dérivés ne sont pas adaptés à une stratégie de couverture. Les options dites "vanille" (calls et puts) sont les plus courantes et les plus liquides. Pour couvrir un portefeuille d'actions, on privilégiera ainsi l'achat de puts sur indices (comme le CAC40 ou l'EuroStoxx 50) ou sur des trackers/ETF reproduisant ces indices. Le choix du prix d'exercice et de l'échéance est crucial : plus le put sera "dans la monnaie" (prix d'exercice inférieur au cours actuel) et l'échéance lointaine, plus la prime sera élevée mais la couverture sera d'autant plus efficace. Il faut donc trouver le bon équilibre en fonction de son aversion au risque et de sa capacité financière.

Exemple de stratégie de couverture par options

Portefeuille initial 100 000€ composé à 60% d'actions
Couverture Achat de puts EuroStoxx 50 à 3 mois, prix d'exercice 3 600 points (cours actuel 3 700 points)
Prime 300€ par contrat
Nombre de contrats 20 (notionnel de 10€ par point d'indice)
Coût total de la couverture 6 000€ soit 6% du portefeuille couvert

Ajuster sa couverture en permanence

Les marchés étant par nature fluctuants, il est important de suivre régulièrement les positions de couverture et de les ajuster si besoin, par exemple en renouvelant des options arrivant à échéance ou en modifiant les prix d'exercice. Une couverture doit être gérée dynamiquement pour rester efficace dans la durée. Enfin, gardons à l'esprit que si la couverture permet de réduire le risque de perte, elle a un coût qui impacte nécessairement la performance finale. C'est pourquoi il est recommandé de ne couvrir qu'une partie de son portefeuille, en fonction de son profil de risque et de ses anticipations de marché. Une couverture ne doit pas se transformer en "assurance tous risques" mais rester un outil parmi d'autres au service d'une gestion active et diversifiée.

Réévaluation périodique et rééquilibrage

Suivre l'évolution de son portefeuille

Un suivi régulier, idéalement trimestriel, permet de surveiller les variations de la valeur et de la répartition des différents actifs. Des outils en ligne comme des tableaux de bord de performance facilitent ce monitoring. L'objectif est de vérifier que la diversification initialement mise en place reste équilibrée malgré les fluctuations des marchés.

Rééquilibrer si nécessaire

Si certains actifs ont pris trop de poids par rapport à d'autres, il peut être judicieux de rééquilibrer le portefeuille. Cela consiste à vendre une partie des actifs surpondérés pour renforcer ceux devenus sous-représentés. Le but est de revenir à la répartition cible en tenant compte :
  • De l'évolution des marchés et perspectives économiques
  • De changements éventuels dans la situation et les objectifs de l'investisseur
Rééquilibrer permet ainsi de contrôler le niveau de risque, en restant fidèle à sa stratégie sur le long terme. C'est une discipline payante pour optimiser les performances dans la durée.

L'essentiel à retenir sur les stratégies de diversification de portefeuille

La diversification d'un portefeuille d'investissement offre de nombreux avantages pour gérer les risques et optimiser les rendements. En combinant différentes classes d'actifs, en investissant dans divers secteurs et zones géographiques, en adoptant une mixité de styles d'investissement et en utilisant des véhicules comme les ETFs et les fonds mutualisés, les investisseurs peuvent construire un portefeuille robuste et résilient. L'immobilier et les produits dérivés apportent une diversification supplémentaire. Une réévaluation et un rééquilibrage réguliers permettent d'adapter la stratégie à l'évolution des marchés et des objectifs.

Questions en rapport avec le sujet

Comment mesurer la diversité d'un portefeuille ?
La diversification du portefeuille est mesurée par le coefficient de corrélation entre les actifs ou titres, qui varie entre 1 et -1. Contrairement à la diversification naïve, l'approche de Markowitz se base sur cette corrélation pour optimiser le portefeuille.
Qu'est-ce que le principe de diversification ?
Le principe de diversification consiste à investir dans des actifs dont les variations ne sont pas parfaitement corrélées, permettant ainsi de réduire les fluctuations du portefeuille.
Pourquoi diversifier un portefeuille de placements ?
La diversification d'un portefeuille permet de réduire le risque global en répartissant les investissements dans différentes classes d'actifs. Ainsi, si certains actifs connaissent des baisses, d'autres peuvent compenser avec des hausses, réduisant la volatilité globale.
Comment bien diversifier ses investissements ?
Une bonne diversification correspond au profil de l'investisseur, vise un horizon de moyen à long terme (3 à 10 ans minimum), réduit les risques de perte et augmente les chances d'obtenir un rendement satisfaisant.