La transition énergétique est un enjeu majeur de notre époque, nécessitant des stratégies efficaces pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles et nucléaires. Cet article explore les initiatives récentes visant à accélérer cette transition, telles que l'impulsion donnée par le WWF, le développement des énergies renouvelables, et les investissements d'acteurs clés comme Engie en Belgique.
Impulsion du WWF et vision à long terme
Un objectif ambitieux mais réaliste
Pour le WWF, il est essentiel de se reposer entièrement sur les énergies renouvelables à l'horizon 2050. Cet objectif ambitieux est jugé réaliste à condition de réduire la consommation énergétique globale de 15% et même de 40% en France sur cette période. Cela passera par des efforts importants en termes d'efficacité énergétique et par des changements de comportements individuels et collectifs.
Un mix 100% renouvelable et des économies d'énergie
Concrètement, le WWF prône un mix énergétique reposant sur les différentes sources d'énergies renouvelables comme le solaire, l'éolien, l'hydraulique, la géothermie ou encore la biomasse. En parallèle, des économies d'énergie drastiques devront être réalisées dans les secteurs les plus consommateurs comme les transports, le bâtiment et l'industrie, à travers une meilleure isolation des bâtiments, des process plus efficaces, des modes de déplacement moins énergivores, etc.
Les signaux encourageants
Si cet objectif peut sembler très ambitieux, le WWF souligne que de nombreux signaux sont déjà encourageants : croissance des énergies renouvelables, rénovation énergétique des bâtiments, actions des villes et entreprises, stagnation des émissions de CO2 liées à l'énergie, etc. Autant de preuves que la transition est en marche, même si elle doit encore fortement s'accélérer pour espérer atteindre la neutralité carbone en 2050.
Développement et compétitivité des énergies renouvelables
Croissance rapide des énergies propres
Les énergies renouvelables connaissent un essor important ces dernières années. L'énergie solaire, notamment, a vu son coût chuter de 80% entre 2009 et 2015, devenant une alternative de plus en plus viable face aux énergies fossiles coûteuses et polluantes. Cette compétitivité accrue favorise une transition plus rapide vers des énergies plus propres.
D'autres filières comme l'éolien terrestre et offshore, la biomasse ou la géothermie progressent également et atteignent des niveaux de maturité intéressants, même si des progrès sont encore nécessaires. Le déploiement à grande échelle de ces technologies vertes est essentiel pour décarboner notre mix énergétique.
Obstacles à surmonter
Malgré ces progrès, plusieurs défis subsistent pour rendre les énergies renouvelables largement compétitives :
- L'intermittence de la production solaire et éolienne nécessite des solutions de stockage et des réseaux intelligents
- Des investissements massifs restent nécessaires pour augmenter les capacités de production
- L'intégration au réseau et l'acceptabilité des projets sont parfois des freins
- Certaines technologies comme la géothermie ou les énergies marines sont encore peu matures
Comparaison des coûts actualisés de l'électricité
Filière |
Coût en €/MWh |
Photovoltaïque au sol |
44 |
Éolien terrestre |
59 |
Cycle combiné gaz |
82 |
Nucléaire |
110 |
Source : Ademe, 2024
Réduire nos consommations
Outre le développement des énergies renouvelables, la transition énergétique passe aussi par une réduction de nos besoins en énergie grâce à l'efficacité et la sobriété. Des progrès sont attendus dans les secteurs très consommateurs comme le bâtiment, les transports ou l'industrie.
Il est crucial d'accélérer la baisse des coûts et l'augmentation des capacités renouvelables, tout en agissant sur la demande, pour rendre la transition énergétique pleinement effective et tenir nos engagements climatiques. Des investissements importants et un soutien politique fort restent essentiels.
Conséquences environnementales des énergies fossiles et nucléaires
Pollutions massives liées aux énergies fossiles
L'exploitation et la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel sont responsables de pollutions environnementales multiples et à grande échelle. Les marées noires catastrophiques liées au transport maritime du pétrole, comme celle provoquée par l'Exxon Valdez en 1989, ont des impacts dévastateurs sur les écosystèmes marins. L'exploitation des hydrocarbures non-conventionnels comme les sables bitumineux ou le gaz de schiste nécessite aussi d'énormes quantités d'eau et de produits chimiques, contaminant les nappes phréatiques.
Mais c'est surtout au niveau du dérèglement climatique que les énergies fossiles posent problème. Leur combustion émet d'importantes quantités de CO2, principal gaz à effet de serre. Selon l'Agence Internationale de l'Énergie, elles sont responsables de plus de 80% des émissions mondiales :
Source d'énergie |
Émissions de CO2 en 2021 (Gt) |
Charbon |
15,0 |
Pétrole |
11,7 |
Gaz naturel |
7,7 |
Les risques et coûts du nucléaire
Bien que n'émettant quasiment pas de CO2, l'énergie nucléaire pose de sérieux défis en termes de sûreté et de gestion des déchets radioactifs. Les accidents majeurs comme ceux de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima en 2011 ont montré l'extrême dangerosité de cette technologie en cas de défaillance. Les coûts humains et économiques de tels accidents sont colossaux.
Le démantèlement des centrales en fin de vie et le stockage des déchets sur des milliers d'années représentent également des défis techniques et financiers considérables. En France, le coût de démantèlement du parc actuel est estimé entre 50 et 100 milliards d'euros. Quant aux déchets les plus radioactifs, aucune solution pérenne n'a encore été trouvée malgré des décennies de recherche.
Des ressources limitées source de tensions
Contrairement aux énergies renouvelables, les ressources fossiles et l'uranium sont présents en quantité finie sur Terre. Leur raréfaction progressive attise les convoitises et les tensions géopolitiques pour le contrôle des gisements restants, comme on peut le voir actuellement avec la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine. Cette dépendance aux importations fragilise la sécurité d'approvisionnement.
Pour toutes ces raisons, une transition rapide vers un système énergétique décarboné, plus sobre et s'appuyant massivement sur les énergies renouvelables apparaît comme une absolue nécessité, tant sur le plan environnemental que géopolitique. Les objectifs ambitieux fixés par l'Accord de Paris ne pourront être tenus sans une réduction drastique du recours aux énergies fossiles.
Vers une équité dans la transition énergétique
La nécessité d'une transition socialement acceptable
Pour emporter l'adhésion du plus grand nombre, la transition doit veiller à ne laisser personne de côté. Cela implique de prendre en compte les impacts sociaux des transformations du système énergétique, comme les reconversions professionnelles des salariés des secteurs fossiles. Des mesures d'accompagnement doivent être mises en oeuvre.
Embarquer tous les acteurs
Au-delà de l'État, tous les acteurs de la société doivent se mobiliser et coopérer :
- Les collectivités, pour massifier localement les solutions bas-carbone
- Les entreprises, en adaptant leurs modèles d'affaires
- Les citoyens, en adoptant des modes de vie plus sobres
Dynamique de l'emploi dans le secteur des renouvelables
Une croissance soutenue de l'emploi dans les renouvelables
Selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), le nombre d'emplois liés aux énergies vertes a atteint 12 millions dans le monde en 2020, soit une hausse de 500 000 postes par rapport à 2019. Cette progression devrait se poursuivre dans les années à venir :
- L'éolien emploie 1,25 million de personnes, un chiffre en augmentation de 16% depuis 2019
- Le photovoltaïque représente 4 millions d'emplois directs, soit +4% en un an
- La bioénergie compte 3,5 millions de travailleurs dans le monde
Des perspectives d'emploi prometteuses
D'ici 2030, l'IRENA estime que les emplois dans les énergies renouvelables pourraient atteindre 25 à 30 millions dans le monde. Cette croissance sera portée par les besoins d'investissements massifs pour répondre aux objectifs climatiques :
Région |
Emplois en 2030 |
Chine |
7,4 millions |
Union européenne |
2,7 millions |
Brésil |
1,7 million |
États-Unis |
1,3 million |
Une transition juste et inclusive
Pour maximiser les bénéfices de la transition énergétique, les politiques publiques doivent mettre l'accent sur la formation et la reconversion des travailleurs des secteurs en déclin comme le charbon. Cela permettra de lutter contre les inégalités et d'assurer une transition juste pour tous.
"Une transition énergétique équitable est non seulement possible mais indispensable pour combiner lutte contre le changement climatique, création d'emplois de qualité et justice sociale."
- Sharan Burrow, Secrétaire générale de la Confédération Syndicale Internationale
La méthanisation et l'autonomie énergétique
Un triple bénéfice pour les territoires ruraux
Le développement de la méthanisation en milieu agricole présente plusieurs avantages :
- Production locale d'énergie renouvelable (biogaz, électricité, chaleur)
- Valorisation agronomique des digestats comme fertilisants naturels
- Réduction des gaz à effet de serre et des nuisances olfactives liées au stockage des effluents d'élevage
Fin 2022, la France comptait 1230 unités de méthanisation, dont près de 900 à la ferme, pour une capacité installée de 563 MW, selon les données du
scénario de mix gazier 100% renouvelable de l'ADEME.
Vers des modèles décentralisés et coopératifs
Pour optimiser les bénéfices de la méthanisation, il est essentiel de privilégier des unités de taille adaptée au potentiel local, en favorisant les démarches collectives de type coopératif impliquant agriculteurs, collectivités et citoyens. Cela permet de :
- Sécuriser l'approvisionnement en intrants organiques locaux, sans déstabiliser les activités agricoles en place
- Consommer localement l'énergie produite en circuit court, en injection ou cogénération
- Maîtriser la gouvernance des projets par les acteurs du territoire
Le cas des méthaniseurs multi-acteurs en Allemagne
Avec plus de 9000 unités, l'Allemagne est le pays leader en méthanisation agricole. On y trouve de nombreux exemples de méthaniseurs appartenant à des collectifs associant agriculteurs, entreprises locales, communes et citoyens, qui valorisent localement le biogaz produit sous forme d'électricité et de chaleur, comme le montre cette étude :
"Ownership structures in the German biogas sector have undergone dramatic changes; while in 2004 most plants were owned and run by single farmers, by 2014 a variety of ownership structures had emerged, with partnerships, limited liability companies, and energy cooperatives becoming increasingly popular business models."
Trends and Challenges in the German Biogas Sector from a Farmers Perspective, 2015
Cette dynamique de coopération multi-acteurs constitue une source d'inspiration pour accélérer le développement d'une méthanisation ancrée dans les territoires en France.
Stratégie et investissements d'Engie en Belgique
Un plan d'investissement de 4 milliards d'euros
Engie a annoncé un plan d'investissement pouvant atteindre jusqu'à 4 milliards d'euros dans la transition énergétique belge d'ici 2030. Ce projet baptisé "#Energize2030" vise à accélérer significativement le développement des énergies renouvelables dans le pays, avec des objectifs ambitieux :
- Doubler la capacité éolienne terrestre pour atteindre 1 GW
- Étendre la capacité éolienne offshore à 1 GW
- Tripler la capacité photovoltaïque pour atteindre 300 MW
Au total, Engie vise entre 2 et 2,5 GW de capacités renouvelables installées en Belgique d'ici 2030, une croissance très forte par rapport à la situation actuelle où la demande d'énergie verte dépasse déjà l'offre disponible localement.
De nouveaux actifs gaziers et de stockage
Au-delà des énergies renouvelables, le plan d'Engie inclut aussi le développement de nouveaux actifs stratégiques pour la sécurité d'approvisionnement et la flexibilité du système électrique belge :
- Une nouvelle centrale à gaz de 875 MW à Flémalle
- Un parc de batteries de 200 MW à Vilvoorde
Prolongation de 2 réacteurs nucléaires
Enfin, dans le cadre de la sortie progressive du nucléaire en Belgique, Engie confirme son engagement à prolonger de 10 ans l'exploitation des centrales nucléaires de Doel 4 et Tihange 3, tout en procédant parallèlement au démantèlement de ses autres réacteurs arrivés en fin de vie.
Avec ce plan d'investissement majeur, Engie démontre sa volonté d'être un acteur clé de la transition énergétique belge, en misant sur une forte croissance des énergies renouvelables couplée à de nouvelles capacités flexibles. Un signal fort pour accélérer la décarbonation du mix énergétique du pays.
Expansion mondiale des énergies renouvelables
Une croissance exponentielle des capacités renouvelables
Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la capacité de production d'électricité renouvelable installée dans le monde a atteint 2 799 GW fin 2021, en hausse de 9,6% par rapport à 2020. Cette progression fulgurante est tirée par l'éolien et le solaire photovoltaïque, qui représentent désormais près de 90% des nouvelles capacités renouvelables.
Technologie |
Capacité installée fin 2021 (GW) |
Part dans les énergies renouvelables |
Hydroélectricité |
1 360 |
48% |
Éolien |
839 |
30% |
Solaire photovoltaïque |
849 |
30% |
Bioénergies |
158 |
6% |
La Chine est de loin le leader mondial avec 1 200 GW de capacités renouvelables installées, suivie par les États-Unis (410 GW) et l'Union européenne (350 GW). Les pays émergents et en développement accélèrent également leur transition énergétique, avec de forts taux de croissance en Inde, au Brésil ou au Vietnam.
Des coûts en chute libre
Cette expansion des énergies renouvelables a été rendue possible par une forte baisse des coûts de production. Entre 2010 et 2021, le coût moyen actualisé de l'électricité a chuté de 85% pour le solaire photovoltaïque, 68% pour l'éolien terrestre et 60% pour l'éolien en mer. Grâce à ces baisses spectaculaires, les énergies renouvelables sont devenues les sources de production électrique les moins chères dans de nombreux pays.
"Aujourd'hui, obtenir de l'électricité à partir de panneaux solaires photovoltaïques est moins cher que via de nouvelles centrales à charbon ou au gaz dans la plupart des pays."
Francesco La Camera, Directeur général de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA)
Des politiques publiques ambitieuses pour soutenir le déploiement
Face à l'urgence climatique, de nombreux États ont mis en place des objectifs ambitieux et des politiques incitatives pour accélérer le déploiement des renouvelables :
- L'Union européenne vise 40% d'énergies renouvelables dans son mix énergétique d'ici 2030
- Les États-Unis ont adopté en 2022 une loi historique sur le climat, l'Inflation Reduction Act, qui prévoit 370 milliards de dollars d'investissements dans la transition énergétique
- La Chine s'est engagée à atteindre la neutralité carbone avant 2060 et à porter la part des énergies non-fossiles à 80% de son mix électrique d'ici 2060
Pour atteindre ces objectifs, les gouvernements ont mis en œuvre une large palette d'instruments : tarifs d'achat garantis, appels d'offres, systèmes de quota, subventions à l'investissement, crédits d'impôt, etc. Ces politiques, combinées à l'amélioration de la compétitivité des technologies, ont joué un rôle clé pour débloquer les investissements privés massifs nécessaires à l'essor des renouvelables.
La dynamique actuelle est donc très encourageante. Néanmoins, pour limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C comme le prévoit l'Accord de Paris, il faudra encore accélérer fortement la cadence dans les prochaines années. Selon l'AIE, la capacité annuelle d'énergies renouvelables devra être multipliée par 3 d'ici 2030 par rapport au rythme actuel. Un défi immense qui nécessite une mobilisation sans précédent de l'ensemble des acteurs : États, collectivités, entreprises et citoyens.
L'essentiel à retenir sur les stratégies actuelles pour une transition énergétique efficace
La transition énergétique est en marche, portée par des acteurs engagés comme le WWF et des entreprises investissant massivement dans les énergies renouvelables. La baisse des coûts et l'amélioration des technologies rendent ces énergies de plus en plus compétitives face aux fossiles et au nucléaire, dont les impacts environnementaux et les risques sont de plus en plus reconnus. La dynamique de l'emploi dans le secteur des renouvelables et le souhait d'une transition plus juste exprimé par les citoyens renforcent cette tendance. Des solutions locales comme la méthanisation émergent également. La transition énergétique apparaît ainsi comme un défi complexe mais atteignable, nécessitant une mobilisation de tous les acteurs à l'échelle mondiale.
Questions en rapport avec le sujet
Qu'est-ce que la transition énergétique ?
La transition énergétique est un processus visant à rendre le système énergétique plus respectueux de l'environnement, en transformant la production, la distribution et la consommation d'énergie sur un territoire donné.
Quel est le but de la transition ?
La transition remet en cause les structures, les rapports sociaux et les rapports au pouvoir. Dans cette situation de crise, de fluidité politique et institutionnelle, les diverses ressources politiques des acteurs ont des poids différents.
Quels sont les piliers de la transition énergétique en France ?
La stratégie de transition énergétique française s'appuie sur trois axes : l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments, la réduction de la consommation d'énergie par la sobriété, et le développement des énergies renouvelables.
Que faire pour la transition énergétique ?
Réduire notre consommation quotidienne d'énergie, qu'elle soit électrique, gazière, pétrolière ou autre forme comme le fioul ou le bois, est un geste majeur pour participer activement à la transition énergétique.