Stratégies et succès de la réduction des émissions de GES en France

réduction des émissions de GES

La France démontre son engagement envers la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) en mettant en œuvre des stratégies efficaces. Grâce à un nouveau cadre réglementaire européen, des innovations technologiques et des projets ambitieux, le pays enregistre des succès significatifs dans la lutte contre le changement climatique. Cet article explore les réalisations françaises en matière de réduction des GES et les perspectives d'avenir.

Nouveau cadre réglementaire européen pour les GES

Révision à la hausse des objectifs de réduction

En mars 2023, le Parlement européen a adopté un règlement révisant l'objectif de réduction des émissions de GES de l'UE, le faisant passer de 30% à 40% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005. Chaque État membre devra respecter des objectifs nationaux contraignants allant de 10% à 50%, en fonction de son PIB par habitant et du rapport coût-efficacité.

Transports, bâtiments et agriculture concernés

Le nouveau règlement cible spécifiquement les secteurs du transport routier, du chauffage des bâtiments, de l'agriculture, des petites installations industrielles et de la gestion des déchets. À eux seuls, ces secteurs représentent environ 60% des émissions totales de l'UE.

Flexibilité encadrée et transparence renforcée

Si une certaine flexibilité est accordée aux États pour atteindre leurs objectifs de façon socialement juste, des limites sont fixées quant aux quantités d'émissions qu'ils peuvent économiser, emprunter ou échanger entre eux. Par ailleurs, à la demande du Parlement, la Commission publiera les actions nationales pour une plus grande transparence et responsabilisation des États membres.

Un signal clair pour une transition compétitive

Ce nouveau cadre réglementaire envoie un message fort sur la détermination de l'UE à mener une action climatique ambitieuse. Il devrait favoriser le développement d'une économie décarbonée compétitive en stimulant l'innovation et les investissements verts.

Rôle de la transparence dans l'atteinte des objectifs de GES

Mécanisme de publication des actions nationales

Le Parlement européen a instauré un mécanisme pour rendre publiques les mesures prises par chaque pays pour réduire ses émissions. Les États membres devront fournir des informations détaillées sur leurs politiques et stratégies climatiques, qui seront facilement accessibles pour les citoyens et la société civile.

Ce dispositif de transparence permettra de suivre les progrès réalisés et d'identifier les lacunes éventuelles. Il mettra en lumière les bonnes pratiques mais aussi les pays en retard par rapport à leurs engagements. Cette pression du regard public incitera les gouvernements à renforcer leurs efforts.

Impact sur les stratégies environnementales nationales

L'obligation de transparence devrait avoir un effet d'entraînement sur l'ambition des stratégies bas-carbone des États membres. Sachant que leurs actions seront scrutées, ils seront incités à adopter des mesures plus efficaces pour réduire leurs émissions dans tous les secteurs.

Cela devrait stimuler les investissements dans les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, les transports propres ou encore la rénovation des bâtiments. Des politiques d'accompagnement seront nécessaires pour assurer une transition juste, en protégeant les ménages vulnérables et en soutenant la reconversion des travailleurs des industries polluantes.

Dialogue avec les parties prenantes

La publication des plans nationaux facilitera également le dialogue avec les différentes parties prenantes : entreprises, syndicats, collectivités locales, ONG... Leur association au processus d'élaboration et de mise en œuvre des stratégies climatiques sera cruciale pour leur acceptabilité sociale et économique.

Les réductions d'émissions de GES en France en 2022

Transports : des réductions conjoncturelles et structurelles

Le secteur des transports, principal émetteur de GES en France, a connu une baisse significative de ses émissions en 2022. Cela s'explique par une combinaison de facteurs conjoncturels comme la hausse des prix des carburants et l'inflation, mais aussi structurels tels que le développement des mobilités douces, du covoiturage et le renouvellement du parc automobile avec davantage de véhicules électriques et hybrides.

Industrie : des efforts de décarbonation

L'industrie française a également réduit ses émissions de GES en 2022, notamment grâce aux efforts de décarbonation et d'efficacité énergétique mis en œuvre par les entreprises. Le déploiement de technologies bas-carbone comme la capture et le stockage du carbone (CSC) et l'utilisation croissante d'énergies renouvelables ont contribué à cette baisse.

Bâtiments : l'impact de la rénovation énergétique

Dans le secteur du bâtiment, les émissions de GES ont diminué sous l'effet des programmes de rénovation énergétique et de l'installation de systèmes de chauffage plus performants comme les pompes à chaleur. La RT2022 pour les constructions neuves a aussi permis de concevoir des bâtiments plus sobres en énergie.

Secteur Réduction des émissions de GES en 2022 vs 2021
Transports -4,2%
Industrie -2,8%
Bâtiments résidentiels et tertiaires -3,5%

Si ces baisses sont encourageantes, les efforts devront se poursuivre et s'intensifier dans les années à venir pour atteindre les ambitieux objectifs climatiques que s'est fixée la France, avec une réduction de 40% des émissions de GES d'ici 2030 par rapport à 1990. Le prochain budget carbone 2029-2033 nécessitera des politiques et des investissements encore plus volontaristes pour accélérer la transition bas-carbone du pays.

Innovations technologiques et réductions de GES

L'impact des pompes à chaleur sur les émissions des bâtiments

Les pompes à chaleur constituent une solution efficace pour diminuer les émissions de GES liées au chauffage des bâtiments. Utilisant l'énergie renouvelable de l'air extérieur ou du sol, ces systèmes consomment 3 à 4 fois moins d'énergie qu'un chauffage électrique classique. En France, le parc de pompes à chaleur a connu une forte croissance ces dernières années :

  • En 2020, plus de 800 000 pompes à chaleur étaient en service, contre seulement 300 000 en 2010.
  • Les ventes annuelles ont plus que doublé entre 2017 et 2021, passant de 255 000 à 537 000 unités.

Selon l'ADEME, le remplacement d'une chaudière fioul ou gaz par une pompe à chaleur permet de réduire les émissions de CO2 de 50 à 80%.

L'évolution du secteur des transports

Le renouvellement du parc automobile français contribue significativement à la baisse des émissions. Entre 2012 et 2022, malgré une augmentation du parc, les émissions totales de GES des voitures sont restées stables grâce à :

  • L'amélioration de l'efficacité énergétique des moteurs thermiques
  • L'émergence des motorisations hybrides et électriques

En mars 2024, la part des voitures électriques dans les immatriculations neuves atteint 19%, contre seulement 1,1% début 2017. Parallèlement, les émissions moyennes de CO2 des voitures neuves sont passées sous la barre des 100 g/km.

Le plan gouvernemental vise 1 million de véhicules électriques en circulation en 2022. Des aides à l'achat et un réseau de bornes de recharge en expansion favorisent cette transition.

Ainsi, l'innovation technologique, à travers le déploiement des pompes à chaleur et l'électrification du parc automobile, s'avère être un levier essentiel de la stratégie française de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Défis et perspectives de la réduction des émissions industrielles

Baisse de la production et décarbonation

Entre 2015 et 2021, les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'industrie française ont diminué de près de 14%, passant de 78 à 67 millions de tonnes d'équivalent CO2. Cette baisse s'explique en partie par un ralentissement de la production industrielle, notamment dans certains secteurs énergivores comme la sidérurgie et la chimie, confrontés à des difficultés économiques.

Mais au-delà des effets conjoncturels, on observe aussi un effort de décarbonation de la part des industriels. La consommation de gaz naturel par l'industrie a ainsi chuté de 11% entre 2015 et 2021, malgré une légère remontée lors de la reprise post-Covid. Cette évolution traduit des gains d'efficacité énergétique ainsi qu'un basculement vers des sources d'énergie moins carbonées comme l'électricité et la biomasse.

Des marges de progrès encore importantes

Malgré ces avancées, le secteur industriel reste le deuxième plus gros émetteur de GES en France derrière les transports, avec 19% des émissions nationales en 2021. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, des réductions drastiques seront nécessaires, de l'ordre de 80 à 90% par rapport à aujourd'hui selon les scénarios.

Cela passera par une accélération des efforts d'efficacité énergétique et de substitution, mais aussi par des ruptures technologiques dans certains procédés. Le déploiement de l'hydrogène bas-carbone et du captage-stockage de CO2 sera notamment indispensable pour décarboner des secteurs comme la sidérurgie, la chimie ou le ciment. Des investissements massifs et un soutien public seront nécessaires pour rendre ces solutions viables.

Accompagner la transition juste

La transition bas-carbone de l'industrie devra aussi être socialement acceptable. Certains bassins industriels très dépendants d'activités polluantes sont particulièrement vulnérables. Un accompagnement spécifique sera requis pour soutenir leur diversification économique et la reconversion des salariés impactés, afin que la décarbonation se fasse dans des conditions justes et équitables.

Bilan carbone de la France et respect des engagements européens

La France respecte ses engagements de réduction des émissions

Le dernier rapport du Citepa sur les émissions de GES en France montre des résultats encourageants. En effet, selon les données provisoires pour 2023, les émissions ont baissé de 4,8% par rapport à 2022, atteignant 384,5 millions de tonnes d'équivalent CO2 (hors émissions importées et liées à l'agriculture et aux déchets). Cette diminution permet à la France de respecter l'objectif de la SNBC2 pour la période 2019-2023.

Une baisse des émissions dans tous les secteurs

Pour la première fois, tous les secteurs, à l'exception du transport aérien, ont vu leurs émissions diminuer en 2023. Grâce à la rénovation thermique et aux pompes à chaleur, les émissions du logement ont atteint leur plus bas niveau depuis 1990. Les émissions du transport routier ont baissé de 3% par rapport à 2022, en raison de l'inflation, du renouvellement du parc et d'évolutions des comportements. L'industrie a bénéficié de réductions de production et de consommation de gaz naturel pour réduire ses émissions de 8% en 2023.

Le rôle des politiques publiques

Si des facteurs conjoncturels comme les prix élevés de l'énergie ont joué un rôle, les politiques et mesures gouvernementales ont fortement contribué à ces résultats. Le Citepa cite notamment :

  • La rénovation énergétique des bâtiments
  • Les incitations à l'achat de véhicules électriques
  • Les aides à la décarbonation de l'industrie

Découvrez le rôle des énergies renouvelables en France

En développant massivement les énergies renouvelables comme l'éolien et le solaire, la France a fait un grand pas en avant dans sa stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

La France mise sur l'éolien et le solaire

Entre 2010 et 2020, la capacité de production d'électricité renouvelable en France a plus que doublé, portée par une multiplication par 4 de la puissance installée en éolien et par 10 en solaire photovoltaïque. Fin 2022, l'éolien et le solaire représentaient respectivement 19 et 12 GW de capacité installée.

Déjà 25% d'électricité d'origine renouvelable

Cette montée en puissance permet aux renouvelables de couvrir 25% de la consommation d'électricité en France en 2022 (17% pour l'éolien et le solaire). Des études projettent qu'elles pourraient atteindre 40% du mix électrique en 2030, contribuant à la décarbonation du secteur.

L'impact sur l'indépendance énergétique

Outre réduire les émissions de GES, les énergies renouvelables renforcent l'autonomie énergétique du pays en diminuant sa dépendance aux importations d'énergies fossiles. En 2022, elles ont permis d'éviter l'émission de 22 MtCO2 et l'importation de 8,6 Mtep de combustibles fossiles.

Projets d'avenir pour une France moins émissive en GES

Renforcement des Zones à Faible Émission

L'un des grands projets pour diminuer l'empreinte carbone du secteur des transports est le déploiement à plus grande échelle des Zones à Faibles Émissions (ZFE). Ces zones, qui existent déjà dans plusieurs grandes agglomérations françaises, limitent la circulation des véhicules les plus polluants. D'ici 2025, l'objectif est d'étendre significativement ce dispositif afin de couvrir davantage de villes, avec des critères plus stricts sur les types de véhicules autorisés à circuler. Cela permettra de réduire les émissions de CO2 liées au trafic routier.

Nouvelles normes pour les bâtiments

Le secteur du bâtiment représente une part importante des émissions nationales de GES. Pour y remédier, la réglementation environnementale RE2020 va progressivement monter en puissance. Cette norme, qui s'applique aux constructions neuves, fixe des exigences élevées en termes de performance énergétique et d'empreinte carbone. Les futures constructions devront ainsi être plus sobres et bas-carbone. En parallèle, la rénovation énergétique massive du parc immobilier existant se poursuivra, avec des aides financières à la clé pour les ménages.

Sortie progressive des véhicules thermiques

La France prévoit d'interdire la vente de véhicules neufs 100% thermiques (essence, diesel) en 2035. Pour préparer cette échéance, plusieurs mesures seront mises en place pour encourager l'acquisition de véhicules électriques et hybrides rechargeables : bonus écologique, prime à la conversion, déploiement massif des bornes de recharge... L'objectif est d'atteindre 100% de ventes de véhicules électrifiés en 2035.

Développement des énergies renouvelables

Enfin, le mix énergétique français va continuer d'évoluer en faveur des énergies renouvelables. L'éolien terrestre et en mer, le solaire photovoltaïque, la géothermie, l'hydrogène vert... Toutes ces filières vont connaître un développement accéléré dans la décennie à venir. L'objectif est de porter la part des EnR à 40% de la production d'électricité en 2030. Cet effort permettra de décarboner davantage le mix électrique national et de réduire les émissions.

L'essentiel à retenir sur les stratégies et succès de la France dans la réduction des émissions de GES

La France a fait preuve d'un engagement fort dans la réduction de ses émissions de GES, en s'appuyant sur un nouveau cadre réglementaire européen, une transparence accrue et des innovations technologiques. Les secteurs clés tels que les transports, l'industrie et le bâtiment ont enregistré des baisses significatives d'émissions en 2022. Le développement des énergies renouvelables a également contribué à ces résultats. Bien que des défis subsistent, notamment dans l'industrie, la France envisage de nouvelles mesures ambitieuses pour poursuivre sur cette voie et respecter ses engagements climatiques.

Questions en rapport avec le sujet

Comment diminuer l'empreinte carbone ? La réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) peut être réalisée par diverses mesures respectueuses de l'environnement, comme l'utilisation d'énergies renouvelables, l'amélioration de l'efficacité énergétique, la protection des forêts et la promotion des transports durables. Une approche globale impliquant les gouvernements, les entreprises et les citoyens est essentielle pour atteindre cet objectif crucial.
Quelles méthodes permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre ? La capture et le stockage à long terme du dioxyde de carbone atmosphérique dans le sol est considérée comme une solution efficace pour compenser l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Quels sont les objectifs de réduction des GES ? Le plan vise trois objectifs majeurs : réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'Union européenne de 20 % par rapport aux niveaux de 1990, diminuer la consommation énergétique de 20 % par rapport aux projections, et atteindre une part de 20 % d'énergies renouvelables dans la consommation énergétique totale.
Pourquoi réduire les émissions de gaz à effet de serre ? Une diminution significative des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère contribuera à ralentir le changement climatique et à limiter ses impacts, étant donné que ces gaz ont un effet de réchauffement prolongé. Par exemple, la durée de vie du dioxyde de carbone dans l'atmosphère est estimée à environ 100 ans.